Naissance de Little Mermaid

Publié le par cecilia

Pour commencer, je vous fais un copier-coller du récit de mon accouchement dans l'eau, que l'on peut trouver là :

http://portail.naissance.asso.fr/recits/recit10.htm et qui a maintenant 7 ans ! Je le laisse tel quel.

Il avait été au départ publié sur la défunte Liste-Naissance, qui m'a tant aidé dans l'apprentissage du maternage. J'ai accouché à la clinique des Minguettes, dans laquel un accouchement aquatique serait désormais malheureusement impossible.

 


Extrait d'un échange sur la liste "Naissance"


20 mars 2003

Ma date prévue d'accouchement était le 26 mars (date de début de grossesse 26 juin); date idiote car ma fille a été conçue le 23 juin (vers 1h du mat) ou le 30 juin (vers 5h du mat).

Le mercredi

Le mercredi 19 mars au matin, j'ai remarqué au lever une humidité anormalement abondante. J'ai attendu: plusieurs fois dans la matinée, j'ai senti un liquide couler en petite quantité. Après divers coups de téléphone, à la maternité, à la sage-femme libérale dont c'était malheureusement le jour de congé, ma mère m'a emmenée, en fin d'après-midi, à la maternité [...] à 150 km de chez moi. Car je pensais avoir une fissuration de la poche des eaux. Avant de partir, j'ai mangé mon gros plat de pâtes comme on nous l'avait conseillé à la mat, mais je n'ai pas pris le bain qui va avec, par prudence, si jamais j'avais vraiment fissuré.

Arrivée là, j'ai eu droit à un monitoring, à divers tests: la conclusion étant que ce n'était pas les eaux. Et comme ils étaient submergés, apparemment à cause de la pleine lune de la veille, ils n'avaient même pas un lit à me proposer. Ma gynéco avait bien dit que si j'arrivais trop tôt, ils me garderaient, à cause des kms, mais la sage-femme de garde n'était pas du tout de cet avis. «Vous n'allez pas accoucher maintenant; rentrez chez vous!».

A ce moment, j'étais vraiment dégoûtée, bien décidée à accoucher à la maison, n'ayant pas apprécié du tout les tests ni la façon dont on m'avait traitée. Et puis, après tout, la sage-femme libérale, qui ne pratique pas les AAD, peut toujours venir en cas d'urgence.

La nuit

On remonte donc dans nos montagnes jurassiennes. Dans la voiture j'ai mal aux reins, mais cela m'arrive dès que je fais beaucoup de voiture. Je me couche, dors 1/2h, puis me réveille. Ces douleurs dans les reins reviennent toutes les 10/15min, malgré le Spasfon. J'essaie diverses positions dans le lit, avec des coussins. Vers 2h de matin, je me lève; je me dis: «C'est l' heure de l'ultimatum; je vais regarder Bush à la télé» (on est le 20 mars); mais je n'allume pas le poste. J'essaie de faire les choses comme prévu: je mets de l'encens, une bougie; j'essaie de méditer au milieu du cercle sacré, au centre des 6 directions; cela marcherait mieux en écoutant le chant du tamtam, mais la musique est dans ma chambre, et je ne veux réveiller personne; j'ai besoin de calme, de silence; je veux être seule.

Les douleurs s'intensifient; je me mets à 4 pattes, implorant la Grande Déesse, la Grande Mère de me soulager (OK, maintenant, vous savez tout de mes tendances païennes!!!); je m'adosse au mur à chaque nouvelle douleur, toutes les 10 minutes.

Vers 6h de mat, je n'en peux plus; je suis au bord des larmes à chaque fois; je n'ai pas pris de bain car une couverture trempait dans la baignoire et je n'avais pas le courage de la bouger. Je n'en peux plus; j'ai besoin d' aide; je ne veux plus accoucher seule.. Surtout ce qui m'angoisse c'est le fait qu'on m'ait dit que je n'allais pas accoucher pour l'instant. Alors, si ce n'est pas ça, quelles sont ces horribles douleurs dans les reins ?

En route

Je vais donc réveiller mes parents. Là, branle bas de combat: coup de fil à la sage-femme: elle ne peut rien faire; nous conseille de partir en nous arrêtant à l'hôpital de S-C pour un contrôle.

A S-C, j'ai droit à une heure de monitoring, à un examen: conclusion: début de travail; dilatée à 1; ils souhaitent me garder; je pose quelques questions, les réponses me poussent à choisir de repartir (pas moyens d'échapper aux «soins» du bébé; pas de première tétée) surtout que les contractions ont totalement disparu. Je signe une décharge, et l'on repart. Les contractions reprennent dès qu'on est en voiture!

Aux M.

Arrivée aux M. vers 10h30-11h. Ouf! We've made it!

On m'installe dans une petite salle d'accouchement; une puéricultrice, S., m'installe un monitoring ("juste 1/2h, en attendant la sage-femme"). Cela me rassure, même si je panique dès qu'on "perd" le coeur de bébé. Je me détends; ma mère me donne les granules homéopathiques prévus: une dose de Caulophillum 9 CH et une dose d'Actea Racémosa.

Nathalie, la sage-femme, m'examine, lit le compte-rendu de S-C. Je ne suis toujours qu'à 1 cm. J'apprends qu'il en était déjà ainsi la veille; donc contractions inefficaces. Mais le Caulophillum doit agir puisque soudain vers midi, je perds les eaux. A deux reprises. Je constate une sacrée différence avec les fuites de la veille, devant une telle inondation!

Le bain

La sage-femme me dit que le monitoring suffit; elle me propose d'aller prendre un bain; d'y rester au moins une heure. J'y vais, mais là, dans cette baignoire «normale», le bain ne me fait aucun effet. J'ai trop mal aux reins pour pouvoir m'allonger ou m'asseoir; et à 4 pattes dans une baignoire, ça n'aide pas vraiment, sauf quand je me douche les reins pendant la douleur.

La chaleur m'étouffe; je bois beaucoup d'eau; J'ai envie de vomir (moi qui pensais manger pendant l'accouchement, comme on le peut ici!). Ma mère fait des allées-venues, montant mes affaires de la voiture. elle m'annonce une bonne nouvelle: on vient de déménager dans la Salle Océane: celle avec la piscine pour accoucher (cf. «Les Maternelles» du lundi 24).

Au bord de l'océan

Ayant entendu mes cris et devant mon envie de vomir, Geneviève, une sage-femme, dit à ma mère de me faire sortir du bain pour passer en salle d'accouchement. Là, je ne suis qu'à 2. Je prends une dose de Caulophillum 30CH pour essayer de débloquer les choses.

Les douleurs dans les reins sont intenables. Je tourne comme un lion en cage (je n'ai pas de monitoring, je peux donc déambuler). On me propose le ballon, le siège hollandais; mais c'est encore pire; je me contente de me pencher en avant en m'appuyant sur chaque contraction. J'ai envie de me mettre à 4 pattes, mais il n'y a que du carrelage, et curieusement, je ne le fais pas. Les contractions sont si proches, se succédant sans fin, et si violentes. Je panique; je n'arrive pas à me contrôler; à respirer; à me détendre. Je mets encens, bougie, espérant me calmer; rien n'y fait. Marie-Adeline, une infirmière stagiaire, essaie de me masser les reins. Aucun effet. Haptonomie; aucun effet.

Je deviens folle. Je me mets à réclamer une péridurale. On me dit «La sage-femme va venir vous voir». Mais elle ne vient pas malgré mes demandes. Une puéricultrice parvient à me faire respirer, mais dès qu'elle arrête je perds à nouveau pied. Ma mère et Marie-Adeline essaient de m'aider, mais en vain.

Je pense que tout cela doit durer à peu près une heure. N., la sage-femme, apparaît enfin. Elle me dit qu'elle va m'examiner avant d'appeler l'anesthésiste, car que ce serait dommage de renoncer à accoucher dans l'eau; je suis à 8. Je peux donc plonger dans la piscine!!! (à moins qu'elle ne m'ait examinée qu' une fois dans la piscine, je ne sais plus)

Dans l'eau

On me remplit la piscine, sorte de grande baignoire ronde; j'y entre, et c' est le paradis. Je peux enfin me détendre; je m'allonge et ferme les yeux entre deux contractions. Pendant les contractions je me mets accroupie ou je me mets à genoux, jambes écartées et je souffle profondément. Je gère; je reprends pied. Le temps s'arrête.

J'ai un monitoring ambulatoire branché. On propose à ma mère de se joindre à moi; mais je refuse, je veux toute la place pour pouvoir bouger (et elle aussi d'ailleurs, n'ayant aucune envie d'être en maillot de bain).

Bientôt je n'ai plus mal dans les reins mais dans les hanches («c'est le bébé qui descend»)

Il me semble enfin sentir une légère envie de pousser; je me mets donc à pousser. A ce moment-là, il doit y avoir N., Marie-Adeline, Amandine (une lycéenne stagiaire), Marie (sage-femme stagiaire), S. autour de moi; et ma mère en retrait.

Au bout d'un moment (j'ai perdu la notion de temps), N. me demande de suivre ses instructions. On voit la tête du bébé. On me propose un miroir que je refuse. Je veux en finir; je ne suis que trop heureuse de m' abandonner dans les mains de la sage-femme. Elle me demande de m'allonger et de surtout ne pas sortir les fesses de l'eau pour éviter que ma fille ne boive la tasse. Je lui dis que je ne veux pas d'épisiotomie. Elle me dit qu'elle ne veut pas en faire de toutes façons. Je l'entends dire «périnée très solide».

Je pousse selon ses instructions. Cela brûle quand elle me touche, alors je recule.et il faut recommencer.

3 ou 4 poussées et mon bébé est là. Il est 16h18. C'est si rapide. Je n'en reviens pas.

Le bébé est dans mes bras; «Bonjour toi! », je lui dis. Je demande à ma mère de prendre des photos. S. douche mon bébé.

Je dois sortir de l'eau. Quand N. parle de couper le cordon, je dis: «Non, on va sortir comme ça». Je passe le bébé à quelqu'un, sors de la piscine, grimpe sur le lit, et on repose mon bébé peau à peau contre ma poitrine, toujours attaché par le cordon. On nous recouvre d'un drap chaud.

Je demande: «C'est bien une fille?»; «Vérifiez vous-même!». Je regarde; c'est bien une fille.

Je la caresse du bout des doigts; une main sous la base pour faire comme en haptonomie; ma mère lui parle.

J'ai encore mal aux reins à cause du bassin qu'on m'a mis. Donc je suis heureuse d'expulser le placenta (naturellement), et ne souhaite pas demander à le conserver. La sage-femme coupe le cordon juste avant la délivrance (personne d' autre ne souhaitant le faire). Il avait cessé de battre.

La sage-femme vérifie mon état: aucune déchirure; juste une éraillure au niveau des petites lèvres (là où ça brûlait). Elle parle de faire des points; je ne suis pas tout à fait d'accord; et d'ailleurs ma gynéco qui passera un peu plus tard décidera qu'il est inutile de recoudre.

Bref, j'ai échappé à tout. J'ai accouché naturellement. J'ai eu beaucoup de chance; une autre sage-femme aurait sans doute appelé l'anesthésiste. On ne m'a rien proposé (rasage, lavement, goutte à goutte.).

Ma fille a également échappé à tout: après nos deux heures de câlins et une première tétée, Sophie l'emmène (suivie de ma mère) pour la peser et l'habiller; son seul soin étant 4 gouttes de vitamines D et K, sur la langue.

Depuis, Little Mermaid est allaitée; dort avec sa maman, porte des couches lavables (en attendant que sa maman se mette à l'hygiène naturelle), a fait quelques essais dans l'écharpe.

Là, elle est couchée sur mes genoux, endormie sur le coussin d'allaitement que lui a offert sa marraine.


Mots-clés: accouchement en maternité, travail dans l'eau, accouchement dans l'eau, accouchement aquatique. 

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